La référence aux 2B3 s’arrête là. Adaptée du roman de Tom Perrotta (« Les Disparus de…
« The Guilty », un huis-clos auditif
Par Ian · 19 septembre 2018 · Aucun commentaire
Ecrit par Ian
« The Guilty » est le premier long métrage du jeune réalisateur danois Gustav Möller. Sorti dans les salles françaises au cœur de l’été 2018, « The Guilty » est un thriller qui fait le pari de faire naître le suspense non pas devant vos yeux mais dans le creux de votre oreille. Ouvrez vos esgourdes et direction Copenhague !
Police, j’écoute
Un soir pluvieux, Asger Holm (Jakob Cedergren), policier affecté malgré lui au standard de police secours à Copenhague, reçoit l’appel d’une femme prétendant avoir été kidnappée. Tentant d’obtenir sa localisation, la communication s’interrompt brutalement. Toute l’intrigue réside en cela : les tentatives d’Asger Holm pour retrouver cette femme à l’aide d’un simple téléphone.
Le tour de force de Gustav Möller réside dans la mise en tension de cette situation relativement simple. Devant « The Guilty », nous sommes moins spectateurs qu’auditeurs : il n’y a pour ainsi dire rien à voir mais tout à entendre. Le film nous invite à une véritable plongée dans l’espace sonore, à une immersion dans l’auditif. Les plans resserrés sur le visage du héros sont là pour mieux laisser la place à ce qui importe vraiment : ce que l’on ne voit pas. Chuchotements, clapotis de la pluie sur les vitres, bruit d’essuie-glaces… Tout paraît lointain et n’est que suggéré. Et pourtant l’essentiel est là : dans ces événements se déroulant au loin et qui ne sont qu’entendus. C’est à l’imagination de chacun de faire le reste.
L’Holm de la situation
« The Guilty » est le travail d’une tension : tension entre des faits qui paraissent lointains mais qui dans le même temps semblent extrêmement proches puisqu’ils surviennent au creux même de notre oreille. Et il n’y a pas d’issue possible. Nous sommes seuls avec Asger Holm. Seuls pour résoudre une tragédie qui se déroule à la fois là-bas et ici. « The Guilty » est un huis-clos mais un huis-clos qui prend l’eau : celle du dehors et que l’on ne fait qu’entendre.
D’où aussi ce sentiment d’impuissance qui innerve tout le film : l’essentiel est ailleurs et Asger Holm est rivé à son poste, dans l’impossibilité physique d’intervenir comme le Jeff d’un « Fenêtre sur cour ». A cela se rajoutent la nonchalance des collègues et les contraintes d’un règlement qui limite le champ d’action du héros. Alors le justicier se substitue à la justice : le héros ne pourra qu’outrepasser le strict cadre du règlement.
« C’est pas ma faute à moi »
On le comprend rapidement : Asger Holm n’a pas sa place à ce poste qui est en réalité une punition pour une faute professionnelle qu’il aurait commis. La faute. Cette notion sous-tend toute l’intrigue : le héros a fauté. Ce n’est que tardivement que le spectateur-auditeur en saura plus sur ce « péché originel » qui pourrait être à l’origine du comportement du héros. Sauveur à la recherche du salut ? La scène finale laisse peu de doute. Mais pour cela il faudra éviter les serpents et leur tentation. Et Dieu sait qu’ils sont nombreux au Danemark.